Héritage - Malo.be

Aller au contenu

Elle a appartenu au père du père de mon père qui la détenait de son père.
Maintenant, elle est là, contre ce mur devant lequel mon fauteuil se trouve.
La vieille clef forgée va redonner vie à cet ancêtre qui a vu le temps s'écouler.

J'ouvre la verrière qui la protège des marques de la vie.
En introduisant la clef, je me sens comme un magicien de la nature.
Ce n'est pas mon enfant, mais après plusieurs cliquetis et une légère poussée…
Son cœur bat, ma joie est immense et pour profiter pleinement de ce moment,
je m'installe confortablement dans mon fauteuil.
Elle est belle et je ne peux m'empêcher de l'écouter.    

Après un temps, un certain temps, je prends ce livre qui comme elle me tient compagnie.
A peine était-il dans mes mains que celui-ci s'ouvre sur un chapitre inconnu..
Il commence par cette phrase " Il était une fois ou il fut un temps… ".    

Mais mon attention est attirée par le battement du tic tac ou plutôt du tac tic, tac tic…
Je pose le livre et je vois le balancier aller de gauche à droite au lieu de…
Les aiguilles, ralentissent, et s'arrêtent.
Le temps ne bouge plus.
Et pourtant, le cœur et le balancier rythme un autre temps.
Me redressant de mon fauteuil pour résoudre le problème.
Il me semble que, mais ce n'est pas possible…
Les aiguilles, elles se remettent à tourner…
Mais dans le sens contraire.  Je n'y comprend plus rien.
Je me sens lourd, ma tête tourne, je vais m'évanouir…
Je tombe dans mon fauteuil et en ouvrant les yeux…
La verrière de l'horloge s'illuminent comme quand le cantonnier allumait les réverbères
qui se trouvaient près du parc.
Une image semble apparaître c'est la maison où j'ai grandis…
Maintenant je crois qu'elle n'existe plus.
Cette maison était située dans une de ces rues où il y 50 ans
la vie rythmait la rue commerçante…
Il y avait ces magasins, ces échoppes, ces cafés…
Je sens encore l'odeur des marrons chauds, du café torréfié…
Il y avait ces murs où des artistes venaient peindre ces publicités
Deux chevrons, le soleil qui brille ou  bien le soleil léger…
C'était le temps ou tout le monde se connaissait par son prénom.  
Hier et aujourd'hui ne font plus qu'un…
Tiens voilà l'ardoisier poussant sa charrette à bras.
Plus loin, c'est le petit ramoneur savoyard.
Toujours noir mais au combien agile sur les toits de la rue.
C'est qu'il fallait ramoner les cheminées souvent :
Grand-mère savait manier le fer pour chauffer la baraque…
Combien de stuves mon grand-père n'a t-il pas dû changer…
Les aiguilles s'étaient arrêtées un instant sur ces images qui ont défilé.
Maintenant, elles repartent plus vite, encore plus vite…
Soudain comme à l'automne,
une après l'autre, elles se décrochent et tombent comme les feuilles.
Les engrenages, en tombant sur le sol,
s'entrechoquent comme quand, gamin, avec les copains, on jouait aux toupies…
Au loin, j'entends cette mélodie venue de l'autre coté de la Manche…

J'ouvre les yeux,
Il est minuit et demi,
L'heure de retrouver mon lit…
Je crois que je me suis assoupis
avec ces compagnons de ma vie
que sont mon fauteuil, mon livre
et mon héritage du temps…
l'horloge de la famille .
Retourner au contenu